La cybersécurité dans le secteur des transports : une nécessité, pas un luxe

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En 2024, près d’une entreprise belge sur deux (45,8 %) a été victime d’une cyberattaque. Dans un cas sur dix, l’attaque a provoqué des dommages concrets. Le secteur des transports et de la logistique est particulièrement vulnérable : les entreprises dépendent fortement de systèmes digitaux tels que les logiciels de planification, les ordinateurs de bord et les plateformes administratives. Un simple clic au mauvais endroit peut suffire pour paralyser l’ensemble des opérations.

Des entreprises de transport dans la ligne de mire

Ces dernières années, plusieurs sociétés de transport en Belgique ont été frappées par des attaques de type ransomware, du phishing ou des fuites de données. Ces incidents perturbent la chaîne logistique, causent des dommages financiers importants et nuisent à la réputation. Les cybercriminels considèrent les entreprises de transport comme des cibles idéales, car chaque minute d’arrêt a des conséquences immédiates.

Un exemple récent est l’attaque par ransomware contre Brussels Airport en septembre 2025. En visant un prestataire externe de services IT, les pirates ont temporairement paralysé les systèmes de check‑in et de bagages. Ce qui n’était au départ qu’une perturbation du traitement des passagers s’est rapidement transformé en crise plus large : vols annulés, déroutages vers d’autres aéroports et retards considérables dans le fret aérien. Les envois urgents sont restés bloqués, les chaînes d’approvisionnement ont été perturbées et les partenaires logistiques ont dû activer leurs plans d’urgence

Sensibilisation et nouvelle législation européenne 

Selon l’Agence flamande Innover & Entreprendre, une entreprise flamande sur deux a été victime d’une cyberattaque en 2024. Ce risque est largement supérieur, par exemple, à celui d’un incendie (estimé statistiquement à 1 sur 8 000). Les attaques DDoS, le phishing et les ransomwares peuvent entraîner une perte de chiffre d’affaires, des actions en responsabilité, des amendes et une atteinte à la réputation. Un simple clic sur une pièce jointe ou un lien malveillant peut déjà avoir de lourdes conséquences :

  • des planificateurs qui n’ont plus accès à leurs systèmes
  • une administration et des communications complètement à l’arrêt
  • des données sensibles qui se retrouvent sur la place publique
  • des livraisons interrompues et un risque de publicité négative

Au‑delà de l’intérêt propre à assurer une bonne sécurité numérique, le cadre légal se durcit. Depuis le 18 octobre 2024, la directive européenne NIS2 est en vigueur. Les entreprises actives dans des secteurs essentiels – dont les transports – doivent renforcer de manière démontrable leur résilience numérique. Les sociétés qui fournissent des services à des entreprises soumises à NIS2 sont elles aussi concernées : les grands donneurs d’ordres imposeront des exigences plus strictes à leurs fournisseurs.

Une différence importante par rapport aux règles précédentes : les membres de la direction sont désormais personnellement responsables de la cybersécurité. En cas de non‑conformité, un administrateur peut être tenu pour responsable ou même se voir imposer une interdiction d’exercer des fonctions dirigeantes.

6 actions pour renforcer votre résilience numérique

La cybersécurité n’est pas un projet ponctuel, mais un processus continu. Avec les étapes suivantes, vous renforcez, pas à pas, la résilience de votre organisation :

  • Faites de la cybersécurité un sujet de discussion régulier
    La cybersécurité ne relève pas uniquement de l’IT. Beaucoup de collaborateurs ne se sentent pas suffisamment préparés aux cyberincidents. En abordant activement le sujet lors des réunions d’équipe, en définissant des procédures de notification claires et en organisant des formations ciblées, vous créez une organisation plus vigilante et mieux préparée.
  • Répertoriez vos risques numériques
    Identifiez vos points faibles : logiciels obsolètes, wi‑fi mal sécurisé, mots de passe faibles, absence de sauvegardes. Élaborez, avec votre partenaire ou conseiller IT, un profil de risques et fixez les priorités.
  • Intégrez les cyberincidents dans votre plan d’urgence et de reprise
    Que se passe‑t‑il si vos systèmes sont paralysés après une attaque ? Qui prend quelles décisions, et comment l’activité de l’entreprise est‑elle rétablie ? En intégrant explicitement les cyberincidents dans votre business continuity plan, vous limitez les dégâts et évitez la panique.
  • Prévoyez des sauvegardes et des dispositifs d’urgence fiables
    Effectuez régulièrement des sauvegardes de vos systèmes et données critiques et conservez‑les en lieu sûr. Envisagez également de faire fonctionner certains systèmes en parallèle sur un autre site, afin de pouvoir redémarrer plus rapidement.
  • Travaillez avec un partenaire IT fiable
    Toutes les sociétés de transport ne disposent pas d’un département IT interne. Un partenaire externe spécialisé peut vous aider à définir les mesures de sécurité, à effectuer les mises à jour et à restaurer rapidement les systèmes après un incident. Choisissez un partenaire qui connaît bien le secteur des transports et les risques spécifiques des chaînes logistiques.
  • Prenez la directive NIS2 au sérieux
    Les exigences européennes en matière de résilience numérique deviennent plus strictes et concerneront à terme aussi, de manière indirecte, les plus petites entreprises. Informez‑vous à temps sur l’impact pour votre société et commencez dès maintenant à mettre en place les mesures appropriées.